Portrait Theophane Courau Marianne Olive

Le sentiment d’entreprendre ne se transmet pas, mais il se construit, et une ascendance entrepreneuriale séculaire comme celle de Théophane Courau, un grand-père Montgolfier (la marque Canson), une autre branche dans les vins depuis deux cent ans, un chantier naval détenu un siècle, un père dirigeant, c’est une chance comme un poid. Une forêt dense où il faut percer les feuillages des peuplements existants et concurrents pour attraper la lumière, une petite musique entendue très jeune qui chante les beaux jours comme les périodes de vaches maigres, les risques comme les rendements, le prénom en joute avec le nom, l’angoisse qui vole le sommeil comme elle empêche l’orgueil.

Le sentiment d’entreprendre souffle à Théophane Courau que ce qui importe c’est d’incarner, entre L’Oréal et Esso, il choisit de faire le tour des stations-service, auprès des gérants, apporte sa patte à l’évolution des offres de service à ces hommes qui se battent au quotidien. Après l’École Supérieure de Commerce de Paris il entre au sein du cabinet de conseil Arthur Andersen pour comprendre les comptes d’une entreprise, le nerf, le financement, l’actionnariat, puis il tente l’entreprise en « .com » y vit en accéléré le cycle complet d’une entreprise, de l’idée à la confrontation aux investisseurs et la perte de son contrôle. Préférant l’économie traditionnelle plus pragmatique, « Où il faut gagner un peu d’argent tous les ans pour survivre l’année suivante », il rejoint en 1999 Coralu, entreprise de second œuvre située près de Lyon et dirigée par son père. Le duo père-fils avance douze années, passe de 300 à près de 1000 salariés. Théophane occupe l’antichambre, Directeur administratif et financier puis responsable d’une business unit. Mais il ne s’agit décidément pas de racines mais d’une énergie, d’ailleurs avec un père breton et une mère ardéchoise, avec quatorze déménagements jusqu’à ses dix-huit ans, Théophane Courau se sent inévitablement chez lui partout. Il prend son chemin, risque la séparation avec son père et la valeur famille tenue très haut, démissionne avec ses moyens financiers propres, divisés en deux piles, l’une pour faire vivre sa famille de six enfants, l’autre pour entreprendre, tout cela dans le stress d’un délai de dix-huit mois. Il fait l’expérience de la dépendance à la main tendue, depuis il rend la pareille. Quand il présente trois projets de reprise à un business angel celui-ci lui propose Fatec. Seule entreprise indépendante dans le secteur de la gestion de flotte, entourée de concurrents cent fois plus gros, localisée à Marseille avec la majorité des clients à Paris, mise en vente par son groupe, se sentant mal aimée, et pourtant Théophane sent l’équipe ancienne et engagée, comprend les enjeux des clients, c’était lui hier chez Coralu. Avec un sparing partner il reforme un duo et réussit la reprise. Et puis Fatec, c’est tout à la fois, une fonction de garage, de gestionnaire, de commerce, de IT pour le digital, une diversité que Théophane Courau appréciait chez Coralu avec les poseurs, l’usine et le bureau d’études. En 2016, Mathilde, son épouse, donne du sang neuf à Fatec. Depuis elle apporte méthode, rigueur, et réalise la promesse client. Il est pragmatique, elle est perfectionniste, dans une entreprise il faut les deux.

 

Dans le sentiment simple d’entreprendre, Théophane Courau veut garantir un résultat, marquer d’une empreinte positive le territoire avec comme plus beau résultat la création d’emplois. Il tient la posture « des pieds dans la boue et la tête dans les étoiles », rêve de croissance avec du sens et de conquêtes territoriales, marche vers la désappropriation en proposant l’actionnariat aux salariés. Une œuvre collective en somme, autre forme de la famille. 

Marianne Olive

 

fatec-group.com