Pourtant tout commence bien ! Née sous un climat doré, Nice, des cheveux d’or et un regard sûr. Des parents amateurs d’arts, quelques aïeux fantasques et beaucoup de tempéraments forts. À dix ans, Roxane Daumas observe dans un musée aux murs blancs du goudron réagir à l’hygrométrie, elle comprend alors que le concept est plus important que le visuel. À seize ans l’avenir s’installe dans sa vie, elle rencontre Olivier Monge, son futur mari, il lui apprend la photographie, entre théâtre et dessin, elle choisit le second, sa main droite grattera le papier pour redonner vie aux nus, aux pommes et poires mortes, aux lieux oubliés.

Mais Londres tape sur les doigts, sous le ciel gris Roxane Daumas vit une initiation brutale à la solitude et à la dureté sociale, touche à la difficulté de la condition d’artiste ; depuis elle abhorre l’anglais. Aix-en-Provence, l’affaire se corse, à l’École des Beaux-Arts, très « arts numériques », où l’esprit de cage aux fauves machistes propage un air lourd, la main droite se fait la malle. Exit le dessin, cela devient une histoire d’installations dans l’espace, d’approche intellectuelle distante et surtout pas sensuelle. S’en suivent des années d’hésitations, où ses balises, la photographie, l’enseignement ou véritable croisade contre l’esthétique du calendrier des Postes, les proches, le bon vin rouge et les petits violets évitent à la jeune artiste une sortie de route définitive.

Londres, été 2015, la main droite refait surface, mieux elle s’expose. Roxane Daumas présente à la « Summer Exibition » de la Royale Académie de Londres une peinture à la facture de dessin très affirmée, preuve du talent, elle est classée dans les 200 finalistes non accrochés (sur 30 000 candidats). « Le temps est un chemin dur à remonter »1, mais ce n’est pas impossible.

Et cela redevient une histoire de dessins, les séries à la pierre noire ou la gomme bi-chromatée s’enchaînent. Le protocole reste fixe, en avant-garde, la photographie, premier outil, il pose une distanciation au sujet, en force, les milliers de traits exécutés par la main droite, deuxième outil révélateur de la perception de l’artiste. La jeune femme impressionne, altière, inflexible sur la perfection, nappe blanche immaculée à sa table, capable de dessiner quinze heures d’affilée durant plusieurs jours, les traits du visage à peine tirés.

Tout continuera bien, au Frac de Marseille avec un dessin de la série « Base Martha », à Paris dans la galerie Dominique Fiat, à Marrakech avec la Fondation Montresso..., à Marseille dans son atelier-galerie, Fermé le Lundi, crée avec Olivier Monge, où elle vous accueille avec un enthousiasme qui décoiffe.

Mais ne lui demandez pas de parler anglais.

Marianne Olive.

www.roxanedaumas.com             https://www.facebook.com/fermelelundi/

 

 

1Batailles d’hommes Jorge Luis Borges