« Le seul », « l’unique », nous dit-il. Non seulement à exercer le métier de courtier en photocopieurs, mais aussi à l’avoir inventé.

Appelez cela comme vous voulez : commercial, directeur des ventes, directeur commercial, il s’agit de vente et rien d’autre, de l’art de chasser sans tuer, pour séduire. Tous ces postes rattachés à la vente, Nicolas Marenesi les a arpentés. Son père, au métier oublié d’intermédiaire de commerce, est peut-être celui qui a transmis les gènes de la vente. « Faire adhérer », suivant l’école « Pull », Nicolas Marenesi lui fut très « Push », en 1990 il s’appelait Monsieur Wurth, sillonnait les routes du pays cannois au volant de sa voiture blanche tatouée du logo, la mallette-catalogue de mille boulons et vis dans le coffre. Poignées de main, odeur du corindon et étincelles, des hommes en bleu, meccanos, ferronniers… La route se poursuit dans le monde du photocopieur, chez Xerox et son école de vente dépositaire de la méthode de l’entonnoir, après ça, les concurrents font des ponts d’or à Nicolas Marenesi, parce que « Si t’es Xerox, tu sais vendre ». Quelque-soit le fabricant, les rendez-vous à présent sentent la moquette rase et la plante verte, le confort froid des bureaux vitrés avec stores occultant. Nicolas Marenesi va vendre pour les grands noms du photocopieur durant dix-sept années, force de vente lancée à toute vapeur, de l’unité pour les très petites entreprises, aux volumes vertigineux chez les grands comptes. Mais la route se resserre, devient moins fun. Dès la fin des années 90 l’informatique arrive, peu à peu le métier se décolore. Dans le rétroviseur, au loin, le temps de la tape dans la main et du sac plastique rempli de billets de 500, plus près, le tableau planning en métal gris au mur empli de fiches T colorées.

Appelez cela comme vous voulez : indépendant, autonome, itinérant, le commercial est un solitaire empathique, un brin guerrier, une journée sans victoire sonne la défaite. Pour Nicolas Marenesi, Méditerranéen au tempérament fort, né en Algérie après 1962 d’une famille qui s’accroche durant dix ans à la terre natale, le salariat des années 2000, trituré par une structure lourde et un vocabulaire codé : « J – 8/CA : N+1 réclame le C.R pour N+2 », asphyxie. Et puis le système d’un vendeur pour un fabricant lui apparaît lourd pour l’acheteur, il décèle la faille du manque de conseils, entend la double préoccupation contemporaine du patron : gagner du temps et ne pas perdre d’argent.

Alors depuis 2012, sur un ton direct et spirituel, à la Boby Lapointe qui à la question : « Comment s’installe une antenne ? » répondait : « Sur le toit », Nicolas Marenesi, pour le bien de ses clients, déroule ses années, une génération, dans le photocopieur, prescrit le matériel le plus adapté, étudie le financement le plus favorable, charge un distributeur de confiance du S.A.V. Il flaire et aide à sortir des vieux contrats pourris, et ça ne manque pas dans le métier. Bref avec lui on nage en eau claire, et les gens aiment ça.

Tout ceci explique cela, ou pas. Après tout, chacun de nous est unique, Nicolas Marenesi ne fait pas exception.

 

Marianne Olive.

 

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